Chère Éricka, chère Nathalie, cher·ère·s ami·e·s,
Je suis honoré de vous parler d’Addis-Abeba en Éthiopie pour une dernière fois à titre de président du Conseil des arts de Montréal. Je suis Montréalais, j’ai toujours aimé ses artistes. J’ai toujours désiré que tous les secteurs d’activités découvrent la richesse collective des arts et de la culture. Mon engagement au Conseil remonte à 2012. Après deux mandats comme administrateur, on m’a invité à siéger comme président à l’automne 2021. Deux ans plus tard, mes voiles m’ont ramené sur le continent africain, là où je suis né, pour y représenter le Canada.
Je quitte le CAM un peu plus tôt que prévu, en étant à la fois fier et impressionné de ce que l’organisation a accompli en deux ans. Dans le contexte des turbulences que nous avons traversées, je salue l’engagement et la détermination sans faille de Nathalie Maillé et de toute l’équipe du Conseil. Je tiens à remercier particulièrement Mathieu Bouchard, Caroline Ohrt et Stanley Péan qui assumeront de nouvelles responsabilités au comité exécutif. J’ai 100% confiance en vous.
Comme vous l’avez vu aujourd’hui, l’organisation a pesé sur l’accélérateur sur des dossiers à la fois structurants et mobilisateurs. J’aime toujours le rappeler : je fais partie des premières personnes noires nommées à la tête d’un conseil d’administration de l’importance du CAM au Canada. J’ai donc incarné d’une manière très visible les principes d’inclusion et de diversité de l’institution.
La politique d’équité représente les standards que nous devons collectivement viser. Il nous faut une telle vision d’avenir dans laquelle chacune et chacun peuvent se projeter pour déployer leur talent. La population montréalaise attend de tels gestes de la part de ses organismes publics. Il est de notre devoir d’éliminer les barrières afin que toutes et tous puissent accéder aux programmes et aux initiatives du Conseil.
Je remercie les membres du comité des arts autochtones qui ont participé très activement à ces discussions. Chère Hannah Claus, merci d’avoir guidé et éclairé le conseil. Et à toutes les personnes qui ont participé à l’une ou l’autre des consultations, merci. Vous avez été entendues et écoutées. Et comme 77 % de la population montréalaise sont d’avis que les arts font de la métropole un lieu plus inclusif, Montréal ne saurait se priver des sensibilités ni des imaginaires de toutes les personnes qui l’habitent.
Évoquer Montréal me fait inévitablement penser à madame Alneus, que j’ai eu le plaisir de côtoyer à de nombreuses reprises, ainsi qu’à madame Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville. À nous trois – et sans aucune prétention – on peut dire que nous avons incarné comme jamais l’idée que des personnes racisées puissent aspirer à des fonctions de pouvoir et d’influence. Quel trio, on a fait ! Et nous avons des responsabilités envers celles et ceux qui ont cru et croient en nous.
Je dois profiter de cette dernière prise de parole pour redire à quel point le CAM est le meilleur instrument de la Ville pour soutenir directement le cœur créatif de Montréal et ses artistes. Votre administration nous a offerts une prévisibilité financière sur 3 ans que nous n’avions jamais connue, c’est un engagement important dans le contexte économique et les défis budgétaires actuels. Nous vous en sommes reconnaissant·e·s.
En 2025, comme la directrice générale l’a souligné, le Conseil annoncera des engagements financiers sur les 4 années qui suivront à des centaines d’organismes artistiques soutenus au fonctionnement. Les artistes m’en voudront si je ne plaide pas haut et fort pour un financement accru qui répondrait à leurs défis d’aujourd’hui. Le Conseil n’aura pas assez de moyens financiers pour indexer correctement les organismes déjà soutenus et les nouveaux que nous avons le devoir d’accueillir dans ce programme. À moins d’un investissement supplémentaire, des choix difficiles et de grandes déceptions sont à prévoir.
Et aux artistes, travailleuses et travailleurs culturel, je vous conjure de vous impliquer dans les consultations à venir cet automne pour l’élaboration de la prochaine Politique de développement culturel de Montréal qui devrait être lancée en 2025, justement.
Faisons preuve d’ambition, soyons visionnaires pour que les arts nous redonnent au centuple tout ce que nous y investissons.
Soutenir le Conseil des arts de Montréal, ça doit être un projet de société. Un projet qui emballe, qui rassemble ! Un fait demeure : la culture est le parent pauvre de la philanthropie. Au cours des derniers mois, Nathalie, Julien, Célia et moi avons eu de nombreuses rencontres avec des partenaires potentiels. Il y a de quoi se réjouir que les milieux d’affaires reconnaissent l’apport des arts et de la culture comme moteur de développement de notre ville et souhaitent se joindre à notre cause.
Quand je suis arrivé en poste, j’avais un mantra. Je répétais qu’il fallait que le CAM ajoute une ligne pour de nouveaux revenus dans le budget. C’est maintenant chose faite. L’organisation est prête à jouer un rôle fondamental en philanthropie. On peut dès maintenant recueillir des dons qui seront réinvestis dans la communauté artistique montréalaise, selon les meilleurs principes d’équité et de gouvernance. Ensemble, augmentons la part des dons destinée aux arts et à la culture! Et, oui, je suis heureux de montrer l’exemple avec un don personnel qui sera, j’en suis convaincu, géré avec rigueur.
Chers artistes, avant de vous quitter, je veux vous redire le privilège que j’ai eu d’assister à vos spectacles, à vos lancements, à vos vernissages. Merci de m’avoir accueilli dans vos univers qui m’ont transporté parfois ailleurs, parfois à l’intérieur de moi-même. D’Addis Abeba où je suis désormais installé, je continuerai de me réjouir de vos succès.
Bonne continuation !