Linda Brunelle
« Je suis immensément touchée par cette reconnaissance qui célèbre la persévérance et le travail de nombreuses femmes artistes. Je m’engage à en prendre la responsabilité, c’est-à-dire à poursuivre mon engagement envers cet art vivant, fascinant et passionnant, qui nous permet à chaque instant de rêver un monde dans lequel le mot « liberté » prend tout son sens ».
Montréal, lundi 6 mai 2024 — Le Conseil des arts de Montréal (CAM) et le Théâtre ESPACE GO, en collaboration avec les membres du comité de développement du prix*, sont fiers de dévoiler le nom de la lauréate du prix Jovette-Marchessault, dont la cinquième édition est consacrée aux conceptrices : Linda Brunelle. Ce prix, qui vise la reconnaissance et le rayonnement de la contribution de femmes artistes du milieu théâtral montréalais, s’accompagne d’une bourse de 20 000 $, qui sera remise par le Conseil à la lauréate.
Partenaire d’ESPACE GO, Air Transat remettra aux deux finalistes, Elen Ewing et Sonoyo Nishikawa, un aller-retour vers Paris.
On ne compte plus les spectacles d’arts vivants ayant bénéficié du grand talent de Linda Brunelle. Depuis trois décennies, la conceptrice de costumes a donné naissance à un impressionnant et foisonnant corpus, qui témoigne de son savoir-faire comme de la souplesse de son imagination. Fournissant une aide précieuse aux interprètes pour composer leurs personnages, ses créations parlent éloquemment sur scène.
Son expertise est principalement sollicitée au théâtre, où chaque année, on retrouve sa griffe sur maintes œuvres. Les metteurs en scène Claude Poissant et Frédéric Dubois, notamment, ont fait appel à elle pour de nombreuses productions. Et Linda Brunelle entretient une relation particulière avec la scène du théâtre jeunesse, là où elle a vite trouvé un public dont l’ouverture entretient sa ferveur envers son métier. La conceptrice poursuit des collaborations récurrentes avec d’importantes compagnies d’ici, comme le Théâtre Le Carrousel ou Le Clou.
Les milieux de la danse – entre autres le regretté chorégraphe Pierre-Paul Savoie -, de l’opéra et même du cinéma ont aussi eu recours à sa maestria. Sans oublier le monde circassien, pour lequel elle a habillé NEBBIA et ID, des spectacles du Cirque Éloize qui se sont promenés en tournée mondiale. Les réalisations de Linda Brunelle ont également contribué à de productions créées hors de nos frontières : au Maroc (TOMBOUCTOU 52 JOURS À DOS DE CHAMEAU), à Saint-Pétersbourg en Russie (la chorégraphie CONVOY PQ17), au Japon (GRETEL ET HANSEL), à Lille en France (SALINA).
Souvent remarqué par les jurys, son travail lui a valu plusieurs distinctions. Elle a notamment remporté le Masque de la meilleure conception des costumes pour SI J’AVAIS LA SEULE POSSESSION DESSUS LE JUGEMENT DERNIER, lors de l’ancien gala de l’Académie du théâtre. Ses créations inventives pour TRISTAN ET YSEULT ainsi que pour LE REVIZOR lui ont valu, respectivement, un prix Gascon-Roux du Théâtre du Nouveau Monde et un Prix du public du Théâtre Denise-Pelletier. En 2008, Linda Brunelle fut la lauréate du prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton, décerné par le Conseil des arts du Canada en reconnaissance de réalisations artistiques exceptionnelles.
Son travail été exposé plusieurs fois, ici comme ailleurs. En 2019, elle a eu l’honneur de représenter le Québec à la Quadriennale de Prague pour le spectacle vivant : espace et design. Dans cet événement d’envergure, où ses conceptions étaient présentées pour la troisième fois en vingt ans, on pouvait admirer sa riche contribution aux CHAISES, spectacle dirigé par Frédéric Dubois au Théâtre du Nouveau Monde, ainsi que les saisissants costumes imaginés pour LE ROYAUME DES ANIMAUX monté par Angela Konrad au Quat’Sous. En 2015, Linda Brunelle a également participé à l’exposition internationale Costume at the turn of the Century 1990-2015, au A.A. Bakhrushin State Central Theatre, à Moscou.
Pour Linda Brunelle, qui porte un regard de sociologue ou d’anthropologue sur les êtres humains, le costume n’a rien de superficiel : il révèle au contraire la nature profonde des personnages, en dévoilant la part invisible. Cherchant l’évocation puissante plutôt que l’illustration, la dessinatrice s’attache à faire émerger la dimension centrale et ultimement, l’humanité de ces figures fictives.
Nourries par sa curiosité, ses propositions artistiques prennent leurs sources dans diverses traditions culturelles, esthétiques ou périodes historiques. Transposant avec inventivité le passé à travers des matériaux contemporains, ses costumes entrelacent audacieusement les époques et les éléments, faisant naître des univers visuels aux étonnants contrastes, dont la complexité fait écho à celle de notre monde actuel.
Linda Brunelle cultive avec la matière un lien confinant au charnel. Elle a recours à une incroyable variété de matériaux, qu’elle aime juxtaposer afin de créer des effets inattendus, pour sculpter les corps des interprètes. Ses créations mettent en lumière la virtuosité de cette conceptrice à jouer avec les textures, les couleurs et les formes, tout comme son intelligence pour répondre aux thématiques qui émergent de chaque œuvre.
Linda Brunelle poursuit encore et toujours son exploration artistique passionnée du textile. Sa vaste expérience ne l’empêche pas de continuer à vouloir renouveler, actualiser son art. En 2015, elle a ainsi entrepris un baccalauréat en Fibres et Pratiques matérielles à l’Université Concordia, qui lui permet de l’envisager sous de nouveaux angles.
Dans un désir de transmission, cette conceptrice émérite a à cœur de partager son savoir avec la relève dans sa discipline. Elle enseigne depuis de nombreuses années la conception de costumes à l’École nationale de théâtre du Canada, en plus d’être chargée de cours à l’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal, assurant ainsi la transmission d’une expertise inestimable.
*Membres du comité de développement du prix Jovette-Marchessault : Nahka Bertrand, Micheline Chevrier, Margarita Herrera-Dominguez, Gabe Maharjan et Marie-Eve Milot
Ce prix du Conseil des arts de Montréal porte le nom de Jovette Marchessault en hommage à une grande « accordeuse d’âme », dont l’œuvre est parcourue par la volonté de rendre visible la culture des femmes, de reformuler l’Histoire, de fonder une mémoire qui permette aux femmes d’être des modèles pour tous et toutes. L’édition 2024-2025 du prix Jovette-Marchessault s’adressera aux autrices. L’appel pour le début des candidatures débutera à l’automne 2024.
À PROPOS DU CONSEIL DES ARTS DE MONTRÉAL
Offrant différentes formes d’accompagnement, le Conseil des arts de Montréal repère, soutient et reconnaît l’innovation artistique et l’expression créative dans toute leur diversité pour faire rayonner les artistes et les organismes de création, de production et de diffusion montréalais. Jouant un rôle unique de catalyseur, il contribue depuis 1956 à faire de Montréal une métropole culturelle vibrante, reconnue ici et ailleurs pour sa vitalité artistique.
À PROPOS DU THÉÂTRE ESPACE GO
Depuis sa fondation en 1979, le Théâtre ESPACE GO se dédie à l’exploration des imaginaires de femmes artistes et à l’évolution de la pratique théâtrale. La poursuite cette mission lui confère un positionnement unique en Amérique du Nord et fait référence sur la scène internationale. Par ses choix artistiques, Ginette Noiseux partage avec le public des étonnements, des vertiges, des débats sur la manière que les poètes et les artistes ont d’inventer le monde.
