Fonctionnement quadriennal : quatre questions à Julien Valmary

Date

19 décembre 2023

Sujet

Le Conseil

Type

Nouvelles

Le Conseil lancera un appel de candidatures de son programme de soutien au fonctionnement quadriennal le 11 janvier prochain. Afin d’aider les milieux artistiques à s’y préparer, l’équipe du Conseil est disponible pour les accompagner et offre également des séances d’information pour favoriser une bonne compréhension du programme.

Julien Valmary, directeur du soutien et de la philanthropie, se prête ici au jeu de l’entrevue et répond à quatre questions fréquemment posées.

1- Quel est l’impact de ce programme sur les clientèles et le milieu artistique?

C’est un pilier majeur de nos actions depuis de nombreuses années. On y consacre actuellement 55 % du budget de soutien du CAM offert au milieu artistique, soit près de 11 millions de dollars par an.

C’est un programme qui permet aux organismes artistiques de se projeter, de mieux planifier l’ensemble de leurs activités liées à leur mandat, ce qui facilite la gestion et la recherche d’autres soutiens financiers. L’organisme artistique et le CAM entrent dans une relation basée sur l’autonomisation et la confiance dans le processus d’évaluation des demandes, réalisée avec rigueur par les comités du Conseil. Notre équipe est convaincue que de garantir une stabilité et une prévisibilité financières aux organismes artistiques a un effet bénéfique, plus largement, sur l’amélioration des conditions de pratique des artistes, l’incidence des organismes sur leurs communautés et sur les citoyennes et citoyens.

Pendant la pandémie, le milieu artistique a constaté la pertinence du soutien au fonctionnement, en plus de toutes les mesures exceptionnelles mises en place. Alors que nous traversons une période pleine d’incertitudes et de défis, ce type de programme est d’autant plus nécessaire. Pour pouvoir prendre des risques et faire preuve d’audace, le milieu artistique a besoin de bases solides.

Nous croyons tellement en l’efficacité de ce programme que nous avons fixé un objectif ambitieux pour l’avenir : faire passer la part du soutien au fonctionnement quadriennal à 60 % du budget de tout le soutien offert par le CAM d’ici 2025.

2- Vous avez soulevé le fait qu’une bonification serait accordée aux organismes en fonction des orientations du plan stratégique. En quoi consiste cette bonification et pourquoi l’avez-vous mise en place?

La bonification selon les priorités stratégiques d’impact n’est pas quelque chose de nouveau au CAM. Elle est en place depuis plusieurs années dans la majorité de nos programmes. Elle s’ajoute à l’évaluation du mérite faite par les membres de comité, selon le mandat de chaque organisme. Les critères de la bonification sont fondés sur des priorités énoncées par les communautés artistiques consultées au cours de l’élaboration du Plan stratégique du Conseil des arts de Montréal 2022-2025. Ce sont également des facteurs clés contribuant à la vitalité des milieux des arts. Chaque organisme, en tenant compte de sa mission, de la nature de ses activités, de son histoire ou de tout autre élément particulier, peut se reconnaître de diverses manières dans une ou plusieurs des orientations stratégiques ciblées dans le cadre de cette bonification.

Trois catégories d’impact sont mises de l’avant : équité et représentativité, proximité sur le territoire et écoresponsabilité. Cette bonification permet ainsi au CAM de reconnaître et de valoriser la contribution des organismes à l’accomplissement de ses priorités. C’est avec le concours de toute la communauté des arts montréalaise que le CAM décuple son impact, de manière mutualiste.

3- Comment sont composés les comités de pairs et pourquoi avoir choisi ce fonctionnement?

Tout d’abord, il est important de rappeler que tout·e artiste professionnel·le, travailleuse ou travailleur culturel qui réside sur l’Île de Montréal peut déposer sa candidature pour devenir membre de comité. Toutes les candidatures sont examinées par le comité de nomination et gouvernance du CAM et les personnes sont retenues en fonction des besoins et d’une délicate alchimie qu’on essaie de trouver. On recherche une parité de genre, de générations, de pratiques artistiques, une représentativité démographique, et nous voulons qu’artistes, travailleuses et travailleurs culturels soient au rendez-vous. Le mandat des membres de comité d’évaluation sectoriels du CAM est de trois ans. Chaque comité est présidé par une présidente ou un président de comité, qui est à la fois membre du conseil d’administration du CAM et du comité des présidences, un comité qui réunit toutes les présidences de comités d’évaluation sectoriels. Ce comité des présidences permet d’échanger régulièrement sur les grands enjeux, décisions et orientations de manière transsectorielle.

Être membre de comité d’évaluation, c’est assez unique et cela exige un vrai engagement. C’est un engagement envers son milieu et comme citoyen·ne, mais également une magnifique expérience de démocratie, d’écoute, de recherche de dialogue et de consensus pour recommander les décisions que le CAM doit prendre. Les membres de comités sont également les personnes que le CAM va consulter en premier pour guider sa vision et sa stratégie. Nous croyons qu’un mandat de trois ans permet aussi aux membres de constater l’évolution des projets et des organismes, tout en voyant comment leurs commentaires, qui sont transmis aux demandeurs, permettent aux projets de se solidifier. Un grand nombre de membres voudraient même rester au terme de leurs trois années de mandat, parce que c’est une expérience rigoureuse, qui permet surtout de belles rencontres humaines et artistiques! Le mandat des membres est aussi une occasion de s’immerger encore plus dans leur secteur et de pouvoir être encore plus sur le terrain pour découvrir ses activités.

Parfois, lorsqu’une candidature n’est pas retenue pour un comité permanent, nous la gardons pour des besoins ad hoc, pour nous assurer d’avoir une expertise pointue sur un ou plusieurs dossiers. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles candidatures car les pratiques artistiques sont en constant mouvement!

4- On voit apparaître une nouvelle formulation sur le « juste volume d’activités » dans les différents messages. Qu’est-ce qu’on cherche à dire, en fait?

Le CAM est bien conscient de la limite des ressources disponibles, qu’elles soient physiques, humaines ou financières. Cela vaut aussi bien pour le CAM que pour les organismes qu’il soutient. Nous tenons à insister sur le fait que l’évaluation réalisée par les pairs évaluatrices et évaluateurs examine l’adéquation entre les activités prévues par un organisme et ses capacités et ressources, ce que certaines personnes appellent le « juste volume d’activités ».

Notre approche vise à favoriser des conditions de travail durables, équitables et sécuritaires pour l’ensemble des membres du personnel, des artistes, des bénévoles et des communautés concernés. Il faut se rappeler que les membres de comités d’évaluation proviennent des milieux artistiques. Au cours de leurs analyses de dossiers, des éléments tels que la pertinence et l’incidence des actions priment sur la quantité d’activités réalisées.

Enfin, même si le Conseil n’a jamais imposé à aucun organisme ces façons de faire, les effets positifs des initiatives de mutualisation, de partage d’outils, de pratiques ou de ressources, mises en œuvre par le milieu artistique, sont indéniables et constituent une voie intéressante à explorer pour avancer collectivement.

Dans le contexte d’épuisement, mais aussi d’ébullition artistique des milieux, nous réitérons que la surproduction n’est pas la meilleure avenue pour maximiser son impact.